En raison de l'importance du dossier il sera publié en 8 volets
Trois témoins
En soutien de l’appelant : trois témoins.
Journaliste, Esther Schapira a réalisé, en 2002, Drei Kugeln und ein totes Kind (en français : Trois balles et un enfant mort), commercialisé sous les titres Three bullets and a dead child, et Qui a tué Mohamed al-Dura ?, en interrogeant chaque partie, et à une époque où elle « ne s’interrogeait pas sur l’authenticité des images ». Elle concluait que le garçon avait été plus vraisemblablement tué par les Palestiniens que par les Israéliens. Elle a été surprise par le refus de Charles Enderlin de lui communiquer ses rushes - France 2 et ARD font partie d’un « réseau européen » qui d’ordinaire coopère. Au « lieu de soutien », elle a « reçu des menaces ». Son documentaire est diffusé en 2002 par la chaine allemande ARD. Esther Schapira raconte comment Philippe Karsenty a pris contact avec elle, dès 2002, et comment il est alors allé à Francfort pour visionner ses rushes de longues heures durant. Une phrase importante qui abonde dans le sens de l’appelant et que ses avocats rappelleront dans leur plaidoirie pour prouver son enquête sérieuse, et sa prise de conscience des incohérences et contradictions du reportage de France 2 dès 2002.
Après avoir visionné les rushes de France 2 lors de l’audience de 2007, Esther Schapira réalise en 2009 Das Kind, Der Tod, und Die Wahrheit (The Child, the Death, and the Truth, L’enfant, la mort et la vérité), documentaire « composé aux deux tiers à partir de ses rushes » de 2002. Elle tient à rectifier deux « erreurs graves » de Charles Enderlin dans son livre Un enfant est mort : elle rappelle s’être rendue à Gaza, et que ses documentaires ont été vendus hors d’Allemagne : le premier à neuf pays, le second à cinq pays.
Expert médical et chirurgien notamment de guerre, le Dr Patrick Bloch précise qu’un enfant touché par balles « ne bouge plus, par un phénomène de choc traumatique, dans un état de sidération », à la différence de l’enfant filmé mobile. Dans ces situations-là, il « existe toujours des sorties des projectiles atteignant les membres », sauf la tête et le thorax où les projectiles peuvent rester. Et les dégâts de balles à haute vélocité – projection de chair et écoulement de sang – sont impressionnants, alors que le reportage ne montre aucun de ces dommages. Ainsi, si l’artère fémorale est touchée par une de ces balles - ce que le père a déclaré -, le sang s’écoule à « 300-600 ml/minutes, soit une perte de 4,5 litres de sang. En dix minutes, on est vidé de son sang ». Or le père est censé être resté sur place pendant une vingtaine de minutes avant qu’une ambulance arrive pour le récupérer.
Représentant le ministère public, esprit vif servi par une formulation concise, Jean-François Cormaille de Valbray, interroge ce médecin-expert sur une petite tache rouge qu’il affirme discerner sur l’abdomen de Jamal al-Dura. Hésitant, le médecin les observe, puis remarque, après réflexion que c’est probablement une petite tâche apparue au développement, mais que cela ne peut être une tache de sang.
Philippe Karsenty
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